Marie-Pier Vanchestein
Dans mon travail, je m’intéresse aux objets qui dévient subtilement de leur fonction attendue, dont les comportements hésitent, résistent, bifurquent et troublent les rapports établis dans l’espace d’exposition. Je me concentre sur la création de machines inutiles dans une perspective ubiquitaire : les objets électroniques et robotiques que je crée ne visent ni l’efficacité ni la productivité, mais s’attardent à des gestes flottants. En outre, je réfléchis à l’idée de la technologie lente, en travaillant sur des mouvements subtils et des gestes mineurs qui amènent des interactions contemplatives. J’essaie de me dissocier de l’esthétique froide et de la vitesse que l’on peut associer aux œuvres robotiques; les œuvres que je propose ont des mécanismes en bois et se déplacent souvent en intermittence. Cette temporalité rétive ouvre un espace où les objets peuvent entrer en relation entre eux, mais aussi avec les spectateur·trice·s. J’approfondis ainsi les concepts d’ensemble et de systèmes où les objets et les participant·e·s s’entremêlent, en travaillant sur l’idée d’une agentivité convergente qui s'oppose aux actions plus individualistes. N’étant pas satisfaite de la réalité qui m’est proposée, je tente d’établir de nouveaux récits non officiels à l’aide de ces objets. En renonçant à leur objectivité, ces œuvre-objets deviennent acteurs de l’espace social de la galerie, amenant une certaine étrangeté dans un horizon normalisé. L’idée de la mobilité permet alors de se saisir du monde réel et peut être réfléchie comme une façon d’engager un échange sensible et poétique avec le·la visiteur·euse.